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Tamara de Lempicka, la peinture faite star

Sans doute l’un des peintres les plus connus de la période Art Déco, Tamara de Lempicka naquit Gurwick-Gorska, le 16 mai 1898 — 1894 selon les mauvaises langues —, quelque part dans le vaste empire russe. À Varsovie ? Ou bien à Moscou ? Les sources divergent. Une chose est sûre : son père était russe et sa mère polonaise. Évoluant dans un milieu aisé et cultivé, entre Saint-Pétersbourg, la capitale polonaise et Lausanne, Tamara profita d’une jeunesse dorée et insouciante.
En 1914, elle s’inscrivit à l’académie impériale des Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg, puis épousa deux ans plus tard un avocat polonais, Tadeusz Lempicki. Leur fille Marie-Christine, dite Kizette, naquit en septembre 1916. La Révolution d’octobre mit fin à cette existence privilégiée : Tamara fuit les bolcheviks. Direction Paris. Au sein de la ville lumière, elle retrouva des cousins exilés, mais dut dire adieu à son statut social…
Tamara de Lempicka, icône des années folles
De nature audacieuse et non conformiste, Tamara de Lempicka ne se laissa pas abattre et décida d’embrasser une carrière de peintre, ambitionnant de faire de l’une de ses passions son gagne-pain. Rapidement, la jeune femme devint une figure de proue de la vie mondaine et artistique parisienne, rencontrant de nombreux modèles, qu’il s’agisse de riches industriels ou de princes russes émigrés, entre autres.
Véritable icône des années folles, elle s’affichait au bras d’hommes ou de femmes, laissant libre cours à ses penchants bisexuels et à sa folle envie d’émancipation. Son mariage, depuis longtemps une mascarade, n’y résista pas. Elle divorça de Tadeusz, mais garda son patronyme en guise de nom d’artiste.
Son style si particulier, mélange de l’art maniériste de la Renaissance et de néocubisme, transcendait un hédonisme raffiné, fait de sophistication et d’érotisme. Elle présenta sa première exposition personnelle en 1925 à Milan, où elle rencontra l’écrivain italien Gabriele d’Annunzio et son entourage d’excentriques et d’aristocrates.
En 1929, elle traversa l’Atlantique pour réaliser le portrait de la fiancée d’un riche américain à New York. Ses tableaux de gratte-ciel y furent remarqués. Puis elle exposa en Pologne, à Paris et aux États-Unis, même si sa production restait limitée.
De l’Europe à l’Amérique
Décidée à poursuivre son ascension, Tamara de Lempicka se remaria en 1933 avec le baron hongrois Raoul Kuffner von Dioszeg, l’un de ses mécènes et collectionneurs, et accessoirement son amant depuis 1928. Le couple et Kizette quittèrent l’Europe pour les États-Unis en 1939, où Tamara continua à peindre, exposant beaucoup. Elle ne connut cependant plus le succès et la gloire de l’entre-deux-guerres.
Loin de craindre une remise en cause et avide de renaissance artistique, l’artiste se mit à l’art abstrait dans les années 1960. C’est au début de la décennie suivante que son nom resurgit à la faveur de la redécouverte des beautés de l’Art Déco. Jouissant d’une notoriété retrouvée et de nouveau exposée, Tamara s’éteignit le 18 mars 1980 à Cuernavaca, au Mexique, où elle avait élu domicile deux ans auparavant.
Popularisée par Madonna dans les clips « Open your heart » (1987), « Express yourself » (1989), « Vogue » (1990), et « Drowned world/Substitute for love » (1998), Tamara de Lempicka fait encore aujourd’hui l’objet d’un culte. Jack Nicholson et Barbra Streisand, notamment, collectionnent ses tableaux. Son œuvre si reconnaissable et sa vie hautement aventureuse inspirèrent aussi la bande dessinée en 2017. Et quelques années plus tard, la comédie musicale s’empara de l’univers de l’artiste avec le spectacle Lempicka, qui fut joué à Broadway pendant quelques semaines au printemps 2024, avec bien sûr, une touche wokiste anachronique, mais obligatoire selon certains de nos jours. En janvier 2025, la réalisatrice américaine Julie Rubio présenta le premier documentaire cinématographique consacré à l’extraordinaire existence de Tamara. Mais pour vraiment connaître son œuvre, rien ne vaut de découvrir ses toiles.