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Pardon my French… ou l’influence du français sur l’anglais
 

 

Les anglophones ne le savent pour la plupart pas. Quant aux francophones, encore moins ! Pourtant, le français s’avère très présent dans la langue anglaise, et ce beaucoup plus que l’inverse, en dépit de nos (trop) nombreux anglicismes. Démonstration !

 Retenez ce chiffre : 66 % du vocabulaire anglais provient du français, contre 4 % pour la langue de Shakespeare dans celle de Molière. Et cela ne date pas d’hier… Il faut remonter à Guillaume le Conquérant et à sa conquête de la perfide Albion en 1066, lors de la bataille de Hastings, pour comprendre l’origine de ce phénomène. Une déferlante linguistique qui se poursuivra cinq siècles durant et marquera à jamais la grammaire, l’orthographe, le vocabulaire, la syntaxe, etc.

 Après la conquête, la défaite

Dès le couronnement de Guillaume Ier, le normand (ainsi que le picard, le champenois et l’orléanais, les « langues mères » du français) prit d’assaut les dialectes alors parlés dans le royaume. Exit les différents idiomes celtiques et germaniques alors parlés en Angleterre ! La nouvelle langue amenée par le duc de Normandie et ses troupes s’imposa au sein de l’aristocratie, la Justice et l’Église. Seul le peuple résista. Et ce n’est qu’à partir du XVIIIe siècle que des mots anglais firent leur apparition dans le lexique. 

À partir de là, la tendance commença à s’inverser. Alors que le modèle anglais devenait de plus en plus prégnant dans le monde post-Révolution française, le français perdit petit à petit de son importance. Et l’influence états-unienne porta l’estocade, achevant l’ex-hégémonie linguistique française sur l’anglais. Pas étonnant que depuis la Seconde Guerre mondiale, le français ait perdu sa place de langue officielle de la diplomatie mondiale !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

De faux anglicismes

Au final, l’influence indéniable du français sur l’anglais d’aujourd’hui se retrouve sous des formes variées : des termes d’origine à la fois germanique et française, d’autres issus de l’ancien français et encore employés en français moderne, mais sous une forme différente (par exemple hospital, devenu « hôpital ») et, un comble, des anglicismes issus en réalité de l’ancien français (par exemple « bacon », « challenge », « flirt » ou encore « toast ») !

Ainsi, « umpire » (arbitre), « beaver » (castor), « squire » (écuyer), « surf », « war » (guerre), « judge » (juge), « merchant » (marchand) ou encore « parliament » (parlement) viennent tous du vieux français. Des mots comme « chalenge », « acointance », « estriver » ou « plege » n’existent plus en français (sauf pour « challenge », donc un faux anglicisme !), mais sont devenus « challenge », « acquaintance » « to strive » et « pledge » en anglais.

« -Ing » ou « -ette » ?

Depuis la fin du XVIIIe siècle, les apports du français dans la langue anglaise se sont réduits aux domaines des arts (peinture, danse, mode) et de la cuisine. Cependant, notons l’importation de notre suffixe « -ette » (donnant notamment « kitchenette », « laundrette » ou encore « luncheonette ») : une sorte d’échange tacite, puisque les Français mettent des « -ing » à toutes les sauces. Décidément, l’histoire d’amour (et parfois de haine) entre les Anglais et les Français a encore de longs jours devant elle !