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Parc-aux cerfs
 

 

Même au royaume de Bambi, tout comme dans ce bas monde, la prostitution reste le plus vieux métier du monde. Mais que viennent faire ici d’innocents cervidés ? Et surtout comment sont-ils devenus synonymes de luxure et d’amours tarifées ? Faisons un grand bond en arrière.

1752 : la marquise de Pompadour, alias Jeanne Antoinette Poisson, ne partage plus la couche royale. Après sept ans de liaison, sa relation avec le roi Louis XV s’est mue en un lien platonique. Seulement voilà, la marquise ne veut pas perdre l’influence sur le monarque durement gagnée à coups de jarretelles et autres prouesses inavouables. Une idée de génie lui traverse l’esprit. Elle installe dans une maison sise dans le quartier versaillais du Parc-aux-Cerfs de jeunes veuves (soi-disant) pour satisfaire l’appétit apparemment insatiable du roi.

Lupanar et bordel

Pourtant, l’âge de certaines de ces « femmes » flirte dangereusement avec celui de l’enfance. Nombreuses parmi elles sont en réalité de toutes jeunes filles… La Pompadour fait donc office de mère maquerelle au service d’un pervers aux tendances pédophiles. Vive le roi ! Ce dernier ne se rend jamais dans ce lieu qualifié de « couvent » — si, si !

 

La chair fraîche lui est servie au château, comme il se doit. Et quand ces malheureuses tombent enceintes, le fruit des assauts royaux ne subit pas le joug infamant du statut de bâtard, car elles sont rapidement données en mariage à des membres de la Maison du roi.

Rapidement, le parc-aux-cerfs devient logiquement synonyme de lupanar et de bordel. L’occasion de nous pencher aussi sur l’origine de ces mots ! Lupanar vient du latin « lupa », qui signifie « louve ». On surnommait ainsi les péripatéticiennes de la Rome antique, peut-être parce qu’elles criaient la nuit pour appeler leurs clients… Quant à « bordel », il a pour racine l’ancien français « borde », c’est-à-dire « bûche », et désignait une cabane en planches. C’est au Moyen Âge que ce mot a pris son sens moderne, les prostituées n’ayant le droit d’exercer leur art que dans des cabanes, loin des lieux habités par les braves gens et les bons pères de famille — ce qui n’empêchait pas ces derniers d’en trouver le chemin en cas de besoin !