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Café liégeois
 

 

Peut-être qu’à la lecture de ces deux mots désignant un succulent dessert, vos papilles s’émoustillent et votre cerveau vous envoie des images de crème chantilly volumineuse, de glace moelleuse et d’arômes d’arabica bien affirmé… Peut-être même remerciez-vous nos voisins et néanmoins amis belges pour ce cadeau gastronomique et calorique inoubliable : le café liégeois.

Désolée, mais ce n’est pas du côté des Ardennes qu’il faut vous tourner pour rendre grâce au génie culinaire, mais à Vienne, en Autriche. Eh oui ! Jusqu’à l’été 1914, au déclenchement de la Première Guerre mondiale, le café liégeois s’appelait en fait… café viennois.

Résistance héroïque

Composé à l’origine de café sans marc, de crème et d’une quantité non négligeable de sucre, le café liégeois devrait sa paternité à un certain Jerzy Kulczycki. Ce héros polonais de la résistance viennoise contre les Turcs, à la fin du XVIIe siècle, ouvrit l’un des premiers cafés de la capitale autrichienne en 1686, baptisé Café de la Bouteille Bleue. Deux cent vingt-huit ans plus tard, avec le déclenchement de la Première Guerre mondiale, le fameux café viennois devint synonyme d’ennemi juré.

 

Au tout début du conflit, en août 1914, la bataille des forts de Liège permit aux alliés de la Triple-Entente (France, Royaume-Uni et Russie) de gagner du temps face à l’assaut de la Triple Alliance (Allemagne, Autriche-Hongrie et Italie). Cette résistance héroïque, largement commentée dans les cafés et brasseries parisiens, valut au café viennois d’être rapidement débaptisé, pour être renommé liégeois, en hommage aux combattants belges.

Une histoire belge

Et ce n’est pas fini ! La station de métro Berlin, inaugurée en 1911, prit elle aussi le nom de Liège, tout comme la rue sur laquelle elle débouche à Paris. Voilà comment la cité belge s’est installée dans les estomacs des Parisiens, leur métro, et leur ville. Épilogue : les Belges, qui ignoraient l’hommage rendu à Liège par les Français, attendirent 1919 pour reléguer définitivement aux oubliettes le café viennois et le rebaptiser eux aussi liégeois.