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Les liaisons dangereuses
 

 

Les liaisons… Dans la langue française, elles jouent un rôle important, participant à la fois de la fluidité du langage oral et du respect (ou pas) des règles de grammaire. Certains se demandent peut-être pourquoi on peut dire « les-z-yeux » mais pas « les-z-haricots »… Dans la langue de Molière, certaines liaisons sont obligatoires, d’autres sont facultatives, quand d’autres encore s’avèrent fautives et devraient donc être évitées. Essayons de clarifier cet imbroglio linguistique !

Les liaisons obligatoires

La liaison obligatoire porte ce qualificatif, car sans cela, le sens même de ce que l’on dit serait incompréhensible ou erroné. Par exemple, essayez de prononcer sans faire la liaison : « ses/anciennes/ailes, il les/a perdues. » Bizarre, non ? Et surtout difficile d’en saisir la substantifique moelle.

L’absence de liaison peut même complètement modifier la signification d’une phrase : quand on parle de « vieux/amis », on décrit là des personnes âgées liées par une relation d’amitié, alors que quand on prononce « vieux-z-amis », il s’agit de très bons copains, sans distinction d’âge.

Les liaisons facultatives

Lier ou ne pas lier ? Là est la question ! La liaison relève parfois du seul choix du locuteur. Tous ceux qui craignent de commettre une faute de français en faisant une liaison « mal-t-à-propos » préfèrent s’abstenir quand le doute est trop fort. Désormais, on dit d’ailleurs indifféremment : « c’est/en août, les vacances ? » et « c’est-t-en août, les vacances ? ».

Mais quand on décide de marquer la liaison facultative, c’est que l’on choisit de s’exprimer avec davantage de distinction, que l’on a envie de soigner son langage. Cela vaut par exemple pour « Je voudrais-acheter-et consommer moins » ou encore « Cette personne est sacrément-intéressante ! » Un peu snob ? Peut-être ! Mais tellement plus joli pour les amoureux du bon français.

 

 Les liaisons fautives

Dans de nombreux cas cependant, la liaison doit absolument être évitée. Avant que l’alphabétisation devienne obligatoire, les fautes de ce type étaient légion et montraient clairement la différence entre les personnes éduquées et les autres. On parlait de « cuir » ou de « velours », selon le pataquès en question (« pataquès » signifiant en fait aussi « liaison erronée » ! J’y reviendrai sur ce site…).

On fait un velours quand on ajoute un « z » alors qu’il n’en faudrait pas. Par exemple : « on ne sait-z-où », « il y a vingt-z-amis dans la pièce », ou le très fameux « cent-z-euros ». (Pour connaître la règle concernant la liaison pour vingt et cent, je vous renvoie à l’excellent billet de l’Académie française.) Quant au cuir, il s’agit du malencontreux ajout d’un « t ». Par exemple : « il va-t-à la cuisine » ou « elle s’est mis-t-à la course automobile ».

Bien sûr, il existe des exceptions, ou plutôt des liaisons tolérées, comme « va-t-en-guerre », « vas-y », « entre quatre-z-yeux » ou encore « manges-en ». Mais elles sont probablement là, en tout cas pour certaines, pour faciliter la prononciation ou la fluidité. Difficile par exemple de dire joliment « mange-en »…

Les liaisons et le h aspiré

Venons-en au fameux « les-z-haricots » ! Pourquoi est-ce une faute, alors qu’on dit bien « les-z-hôpitaux » ? Comme l’explique l’Académie française, le « h » du mot « haricot » étant aspiré, la prononciation est disjointe du terme le précédant. Ainsi, on dit bien « le haricot », mais « l’hôpital ». Comment expliquer cette différence ? Par l’étymologie des mots ! Quand le « h » est aspiré, c’est que le terme est en général d’origine germanique, alors qu’il ne l’est pas si le terme vient du grec ou du latin. Tout simplement !