c'est cadeau !

Bistro(t)
 

 

Ce haut lieu de convivialité ou de décadence, c’est selon, rassemble les « leveurs » de coude habitués ou en puissance ainsi que ceux qui souhaitent manger sur le pouce ou rapidement. Justement, la vitesse joue peut-être un rôle non négligeable dans l’étymologie de ce terme.

Selon certains, la naissance du mot « bistrot » remonterait au début du XIXe siècle, quand des hordes de troupiers russes envahirent Paris suite à la fin de la campagne de France, menée par les Russes et leurs alliés et annonçant la fin de l’Empire et donc de Napoléon Ier. Le 31 mars 1814, le tsar Alexandre Ier entra victorieusement dans la capitale qu’il occupa avec ses troupes pendant le printemps. Quel rapport entre les buveurs de vodka et les tripots parisiens ? Apparemment assoiffés, les soudards se précipitaient dans les cafés, où ils criaient en russe « bistro » (быстро), ce qui signifie « vite ». 

Deux orthographes autorisées

Cependant, cette légende populaire (contée par une plaque apposée sur la façade de la Mère Catherine, à Montmartre s’avère sans doute plus proche du coma éthylique que de la vérité. Car ce mot fut attesté pour la première fois dans la littérature à la toute fin du XIXe siècle, en 1884…

Ainsi, les linguistes contestent sérieusement cette étymologie cosaque, lui préférant d’autres explications, somme toute plus plausibles. « Bistro » viendrait plutôt du patois poitevin « bistraud » (domestique, puis marchand de vin), angevin « bistrou », méridional « bistroquet », ou encore septentrional « bistrouille » (mélange de vin et de café). Le régionalisme aurait tranquillement été importé à Paris au cours du XIXe siècle, avant d’être diffusé dans tout l’Hexagone.

Et cette généralisation à la fin du XIXe siècle coïncide avec la naissance des villes, des banlieues et des usines, et donc du prolétariat. Zola les décrivit d’ailleurs à la perfection, notamment dans L’assommoir. Une seule chose est sûre : deux orthographes sont autorisées, avec ou sans « t » en guise de conclusion au mot. Une sorte de « petit dernier pour la route », sans doute…