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Demi-mondaine

 

 

Cette « femme de mœurs légères », comme la définit Le Petit Larousse, était peut-être persona non grata dans les cercles huppés des dames de la haute société, mais cela n’enlevait rien à son pouvoir démesuré sur les époux de ces dernières. Pour réussir, ces princesses des boudoirs devaient être non seulement belles, mais surtout intelligentes, indépendantes d’esprit et dotées d’un caractère bien trempé. La dénomination « demi-mondaine » serait issue d’une comédie d’Alexandre Dumas fils, Demi-Monde, publiée en 1855. Ces grandes courtisanes sont apparues brutalement au Second Empire. Entretenues par de riches Parisiens, elles se prenaient souvent aussi pour des artistes, enchantant (parfois) les amateurs de music-hall et de théâtre. Aussi appelées « cocottes » ou « grandes horizontales » (inutile de vous faire un dessin…), ces reines des alcôves atteignent leur apogée vers 1900, avant de disparaître pendant la Première Guerre mondiale, libération progressive de la femme oblige… 

Elles emportent dans leur sillage parfumé et léger, tout en plumes, frous-frous et jupons soyeux, une époque synonyme d’insouciance et de frivolité. Adieu Valtesse de La Bigne, Liane de Pougy, Émilienne d’Alençon, Caroline Otero, Athalie Manvoy, Cléo de Mérode, Mata Hari ou encore la Carmencita ! Ces noms sont presque tous tombés dans l’oubli, sauf peut-être ceux de deux demi-mondaines célèbres de la littérature. Chez Marcel Proust, dans sa Recherche du temps perdu, Odette de Crécy devient une grande bourgeoise (Madame Swann), puis une femme du monde (Madame de Forcheville), tandis que chez Zola et ses Rougon-Macquart, Nana, la fille de Gervaise, connaît une fin beaucoup moins heureuse et glorieuse.