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Choupette… ou quand certains vivent dans la quatrième dimension
C’est l’histoire d’un chat de luxe, Choupette, dont le maître était lui-même un grand connaisseur du luxe, Karl Lagerfeld. Ce grand créateur devant l’Éternel partit en 2019 rejoindre sa principale égérie, Coco Chanel. En 2014, les éditions Flammarion publièrent un livre à la gloire de la seule féline qui compta un jour pour le Teuton du catwalk. Cela m’inspira alors une sorte de chronique quelque peu acerbe, avouons-le, que je vous livre de nouveau en cette fin 2022. Désormais, la noble et orpheline Choupette est une « chatonne » presque âgée, qui ronronne paisiblement grâce à son héritage pharaonique…
Un univers chic et strass
Il est quand même sympathique ce Karl Lagerfeld, avec son débit saccadé, son accent teuton reconnaissable entre tous, son catogan poudré, si délicieusement vieille France, et ses canettes d’une affreuse boisson pétillante maronnasse édulcorée à l’aspartame (un poison violent, si, si !). On aime bien, certes avec parcimonie, l’entendre narrer son univers chic et strass, ses « first world problems », et ses opinions bien tranchées sur des sujets on ne peut plus futiles ou parfois importants — on se souvient de sa saillie en 2008 sur le gilet jaune !
Un ovni de 144 pages
Mais quand il décide de faire coucher sur le papier les aventures de sa Choupette, une féline sacrée de Birmanie qui partage sa vie depuis 2011 et a même sa page Wikipédia (sous l’intitulé « Choupette Lagerfeld »), on est pris d’une soudaine envie de mettre le feu aux boutiques Chanel et consorts. Flammarion a en effet sorti en septembre un ovni de 144 pages consacré à la dernière excentricité à poils de Karl : Choupette, la vie enchantée d’un chat fashion (signé Patrick Mauriès et Jean-Christophe Napias, auteurs en 2013 du Monde selon Karl).
Cet ovni est sans nul doute passionnant : Choupette et ses croquettes, Choupette et sa litière (oui, en dépit de son statut de star, Choupette évacue elle aussi ses besoins), Choupette et sa passion pour les rubans et les morceaux de papier…
Serviteur de chat de luxe
Mais ce n’est pas tout ! Une toute nouvelle ligne de cosmétiques Shu Uemura célèbre la divine féline, rebaptisée Shupette. Et non seulement ce précieux animal a un compte Twitter (et même Instagram !), avec des dizaines de milliers de followers (qui doivent avoir une seule croquette en guise de neurone dans le crâne pour perdre leur temps avec ça), mais il dispose également d’un garde du corps, de deux gouvernantes, d’un « médecin » (pourquoi parler de vétérinaire, c’est d’un vulgaire !) et même d’un chef cuisinier. Je me réjouis quelque part pour ces gens-là, qui sont sans doute grassement payés pour ne (quasi) rien faire. Quand on a un chat, on sait qu’il passe de très nombreuses heures à dormir ou à somnoler, gracieusement affalé sur le canapé. Serviteur de chat de luxe, un métier d’avenir ? Une chose est sûre, cela permet de travailler moins pour gagner plus !